« Rien ne sera plus comme avant ! » …?
Belle formule pour évoquer « the Day after » : ce jour d’après l’épisode si étrange que le monde a vécu. Cet arrêt sur image qui a duré 2 longs mois. Le temps s’est arrêté. La grosse machine qu’était devenue notre planète méga-industrialisée et qui vivait un rythme hystérique où l’on n’avait plus le temps de rien faire s’est stoppée net. Quelques que soient les raisons et les arrières pensées de ceux qui ont fermé le robinet de la vie pendant tout ce temps, il est bon pour chacun de nous de mettre à profit ce qui s’est passé. « Rien ne sera comme avant ! » est une expression que l’on entend déjà chez beaucoup de gens. C’est un bon slogan… et il n’est donc pas étonnant que la formule soit reprise. Mais c’est une expression qui n’est pas tout à fait nouvelle. Et cette formule (qui sonne bien, avouons-le) était même devenue ( avant tout ça) une sorte d’adage populaire : le lieu commun pour toute personne qui a vécu un événement douloureux ou compliqué, sorte de voeu pieu incantatoire dont les pays eux-mêmes ont usé naguère au sortir de chaque guerre. Comme une promesse que l’on se fait pour exorciser le passé.
« RIEN NE SERA COMME AVANT »… POUR LE MONDE?
Pour la première fois depuis longtemps la mort est entrée dans le monde. Non plus par la petite porte comme les modernes tentaient de circonscrire la « fin de vie » ( on avait même changé le mot, et on cachait jusque-là les malades et les « séniors » qu’on laissait agoniser discrètement dans des « structures adaptées »). Cette fois la mort est entrée par la grande porte. Et les médias en ont même fait le titre quotidien des émissions de la radio et de la télé : « aujourd’hui 300 morts! ». Pour nous autres chrétiens la mort faisait déjà partie de la vie et c’est dans le Mystère Pascal que nous cherchions à inscrire notre temps de la terre. Mystère de vie, de mort et de résurrection avec le Christ et par le Christ. « Rien ne sera comme avant » pour le monde si ce dernier, ré-acceptant la MORT, réapprend aussi la VIE qui la précède et découvre l’après-vie d’ici-bas qui la continue : le CIEL.
RIEN NE SERA COMME AVANT : AUSSI POUR LES CHRÉTIENS ?
Puisque les chrétiens sont « dans le monde » nous avons subi nous aussi ce qui s’est passé avec l’affaire du virus mondial. Mais si l’événement nous est tombé dessus, ce n’est pas « comme tout le monde » que le Seigneur attendait que nous vivions la chose. Ce n’était pas « à la manière du monde » que nous devions vivre le temps du virus. Car si nous sommes dans le monde nous sommes surtout des concitoyens des Cieux. Et c’est donc en tant de fils adoptifs de Dieu et frères de Jésus-Christ que nous avions à vivre cette séquence mondiale. Plus que jamais c’était « en tant que chrétiens » que nous avions ( et que nous devons continuer ) à gérer ce qui s’est passé. Pour nous ce n’était pas le sens de la mort que nous avions à découvrir dans cette affaire du Covid-19. Pour nous il s’agissait de redécouvrir le sens de la vie spirituelle , le sens des sacrements, d’en redécouvrir la nécessité et le besoin, et donc d’en redécouvrir l’importance : pour s’y préparer mieux et pour mieux les recevoir. Nous avons été privés de la grâce sacramentelle et nous avons du pallier à cette carence par une prière plus ardente afin de ne pas perdre le lien précieux avec l’amour du Christ. « Rien ne sera comme avant » pour nous si, retenant la douleur d’être privés des sacrements, nous en approcherons désormais avec plus de sens, plus de gratitude et aussi plus de joie.
Abbé LECOQ, FSSP Nantes